La Chapelle de la Villa Algérienne, de son vrai nom, Sainte Marie du Cap, fut construite à la demande de Léon Lesca (après l'édification de la Villa
Algérienne de style mauresque malheureusement détruite de nos jours et remplacée par un horrible immeuble). La chapelle, bénie le 8 septembre 1885 par l'abbé Lacouture, était réservée à la
famille Lesca.
Cette chapelle mélange le culte islamique et chrétien comme le montre son clocher avec la croix et le croissant. C'est l'architecte Eugène Ormières qui a réalisé cet édifice de style
néo-mauresque, destiné au culte catholique. Sur le clocher, le rapprochement entre la croix et le croissant de lune, les inscriptions latines et arabes reflètent les influences culturelles du
commanditaire.
La Polychromie, la présence de carreaux de céramique aux motifs géométriques et floraux, l’utilisation de l’arc outrepassé, ici polylobé, sont autant d’éléments qui traduisent l’influence de
l’architecture mauresque. Un unique, superbe et typique lustre éclaire la chapelle. Il se compose de bois, de verrerie et de porcelaine colorés… et d’originaux pompons en tissus
multicolores et chatoyants.
Demeurée parfaitement intacte, la Chapelle de la Villa Algérienne se trouve sur le front de mer, à l'extrémité Sud du boulevard de la Plage.
Elle demeura longtemps le seul lieu de culte de la presqu'ile, on y venait à pied à travers la forêt ou en pinasse depuis Arcachon.
Le premier et seul chapelain fut l’abbé Noailles. Pour loger l’abbé, Léon Lesca fit construire un presbytère sur un terrain situé à l’entrée du village de L’Herbe (la maison, très remaniée,
existe toujours). Le jeune prêtre était atteint par la tuberculose pulmonaire et les médecins lui accordaient une espérance de vie réduite. Il atteindra pourtant l’âge respectable de 96 ans,
incarnant ainsi le "miracle du bon air du Bassin".
Cette chapelle est à l'entrée du village de L'Herbe, face au Bassin et aux parcs à huîtres. Deux magnifiques pins dont l'un, tortueux et soutenu par des étais, qui se penchent dans le Bassin, la
protègent du vent et offrent leur ombre délicieuse aux amoureux du Bassin.
Aujourd’hui, propriété de la ville de Lège-Cap Ferret, inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis 2008 elle est toujours affectée au culte catholique.
Cet endroit est d’autant plus cher à mon cœur que ma grand-mère maternelle était née (en 1911) à la Villa Algérienne. Ce lieu est pour moi un véritable pèlerinage aux sources de mes ancêtres
maternels.
Après huit longs mois de rénovation par des spécialistes renommés dans le monde entier pour lui redonner son faste d’antan, la chapelle a de nouveau ouvert ses portes aux fidèles, lors
d’une grande cérémonie, le dimanche 26 juin 2011.
(photos prises en février 2013 et septembre 2015)
L'extérieur de la chapelle
L'intérieur de la chapelle
L'esplanade devant la chapelle et sa vue imprenable sur le Bassin d'Arcachon
Il était une fois... autrefois, la Chapelle Algérienne
Ces vieilles cartes postales proviennent de collections privées
La Villa
Algérienne
La Villa Algérienne, malheureusement détruite en 1966, fut construite par "l'inventeur" du Cap-Ferret, Léon
Lesca, ancien entrepreneur en Algérie (c’est lui qui construisit le port d'Alger). Rentré en France sous le Second Empire, il acheta pour une bouchée de pain, aux enchères publiques (avec son
frère Frédéric), un immense domaine, représentant la moitié de la partie orientale de la forêt domaniale en bordure du Bassin, s'étendant de Claouey au Cap-Ferret devenant ainsi un véritable
"pacha" du Cap-Ferret. Il essaya la culture de la vigne (d'où le nom du port de La Vigne), exploita la forêt, creusa les réservoirs à poissons de Piraillan, importa et acclimata le mimosa ainsi
que le yucca, construisit la jetée de Bélisaire, une école, des maisons pour les pêcheurs, créa le Petit Train (aujourd’hui permettant une visite touristique du Cap Ferret), une douzaine de
logements pour son personnel... En 1865, il édifia dans un lieu complètement désert, au-lieu dit "Gnagnotte", qui deviendra plus tard l'Herbe, au milieu d'un jardin de 25 hectares (planté
d’espèces rares et d’un vaste potager), un surprenant palais de style mauresque, la "Villa Algérienne" où il vécut jusqu'à sa mort en 1913.
En 1940, la Villa fut occupée par les Allemands. Le parc, demandant les soins rigoureux de plusieurs jardiniers, se trouva peu à peu à l’abandon et devint très rapidement à l’état sauvage se
transformant en une véritable jungle folle de lianes et ronces.
A la Libération, la villa était elle aussi dans un état très avancé de délabrement et de nombreux travaux de restauration auraient été nécessaires.
Malheureusement la Villa fut ainsi laissée peu à peu à l'abandon par ses descendants. Lors du partage entre les héritiers Lesca, la villa fut tirée au sort et c’est Frantz Lesca qui en obtint
l’octroi. Mais résidant au Maroc, il ne voulu pas s’encombrer d’une pareille charge et vendit la Villa très rapidement à des hôteliers restaurateurs. Ces derniers firent de mauvaises
affaires (cette partie du Bassin n’était pas à l’époque des années 60, comme aujourd’hui à la mode). Ces commerçants revendirent donc, à leur tour, la Villa entre 1965 et 1966 à des promoteurs
immobiliers qui s’empressèrent de la détruire pour y construire, à la place, l’horrible immeuble, tel un bloc de béton, que l’on voit aujourd’hui.
Sur le front de mer, seule la Chapelle de l'Herbe toujours existante (de même style que la Villa) témoigne du faste de Léon Lesca. La Villa, tout comme la chapelle, eut pour architecte Eugène
Ormières (ami personnel de Léon Lesca).
J’ai très bien connu (toute petite) la Villa dont je regrette la destruction car ma grand-mère maternelle y était née en 1911 et y avait passé sa toute petite enfance. De son vivant et jusqu’à la
destruction de cette merveilleuse et superbe propriété (en ses temps fastueux), notre promenade quasi dominicale était d’aller à "La Villa" pour un petit retour aux sources.
De plus, c'est un de mes grands-oncles (ancien artiste des Beaux Arts) qui en avait assuré toutes les peintures de style mauresque, tant pour la chapelle que la villa.
Etant née en 1955, j'ai très peu connue La Villa jusqu'à sa démolition en 1966 et donc encore moins durant ces jours de fastes puisqu'elle est restée très longtemps à l'abandon pour des raisons
de soucis de succession. Ma grand-mère y était née en 1911 et le fondateur de la villa, André Lesca, est quand à lui décédé en 1913. Ma grand-mère a donc quitté la villa après la guerre de 14-18
(vers 1920). Ma grand‑mère étant décédée depuis longtemps, seul un flot d'histoires de "trésors" récupérés sur la plage océane, rejetés par les bateaux en perdition, et cachés précieusement dans
les grandes caves de La Villa, résonnent encore doucement à mes oreilles (barils de rhum, farine, café...). : "trésors" précieux en ces temps difficiles de guerre ! Tous les membres de ma
famille maternelle ayant vécu ou connu La Villa sont aujourd'hui malheureusement décédés. Seules quelques photos, le souvenir des histoires que m'ont contées mes aïeux, le souvenir de La Villa au
temps de son abandon et sa regrettable destruction me restent...
Sur cette vieille photo scannée (ce qui explique la qualité pas très nette), la Villa dans ses heures de splendeurs (photo prise par mon défunt papa, à une date qui
m’est inconnue et où l’appareil photo numérique n’existait pas encore).
Il était une fois... autrefois, la Villa Algérienne
Ces vieilles cartes postales proviennent de collections privées
Reportage sur la démolition de la Villa Algérienne
(source : ina.fr, documentaire du 4 février 1966)
Merci à mon ami, Olivier Narp qui a découvert cette pépite ! A mes photos de famille, vient s'ajouter ce reportage dont je ne connaissais pas l'existence.
Pour la petite info, les peintures murales intérieures que l'on aperçoit durant ce reportage avaient été peintes par mon grand-oncle dont je parle ci-dessous.
Mon grand-oncle Gabriel Courexou (l'Artiste Peintre) :
C'est l'artiste qui exécuta toutes les peintures mauresques tant de la Villa Algérienne que de la Chapelle.
De son vrai nom, de Saint Cyr, nom qu'il vendit afin de financer ses études aux Beaux Arts.
Sur la carte ci-dessus, mon grand-oncle y a écrit "A son Paï" qui en patoi de chez nous veut dire "A son père". Il n'avait pu également s'empêcher, comme cela était dans les veines de son
habitude, de faire quelques fioritures artistiques écrites ou dessinées. Ce courrier était bien évidemment destiné à son père (adoptif), Bélisaire Lagauzère demeurant à la Villa Algérienne.
La nostalgie de "La Villa" fût tellement vive pour ma famille que mon grand-oncle Gabriel (le peintre) reproduisit, à l'identique, dans la nouvelle maison familiale des fresques murales et un
plafond sublime représentant une femme ange dans un bosquet fleuri. Des travaux de rénovations ont par la suite effacé les fresques mais le plafond est toujours existant et n'a jamais perdu sa
splendeur au fil des ans sans avoir subi quelconques retouches. Je vous laisse le plaisir de découvrir, sur le diaporama ci-dessous, ce superbe plafond... Instant nostalgie aussi pour ma part
puisque cette maison. a été vendue... mais les nouveaux propriétaires ont tenu à conserver ce plafond.
Le
Courrier du Cap
Le "Courrier du Cap" est un ancien bateau qui fut construit à Nantes en 1870 et qui était capable d’embarquer à son bord plus de 50
passagers. Il appartenait à la " Compagnie du Courrier du Cap" créée par Léon Lesca, le propriétaire de la "Villa Algérienne.
Dès 1902, le bateau assurait journalièrement plusieurs liaisons entre Arcachon et le Cap Ferret. Outre le transport des voyageurs, habitant locaux ou touristes, le "Courrier du Cap" servait de
moyen de d’échange pour les marchandises et le courrier entre la presqu’île et Arcachon. A cette époque, aucunes liaisons routières n’existaient et son rôle était essentiel.
Le bateau assurait des départs d’Arcachon, destination phare de Cap Ferret, depuis la jetée Thiers ou le débarcadère d’Eyrac (un tramway assurant ensuite le trajet de la plage à l’océan) et, vice
versa, depuis la "Villa Algérienne" ou depuis le lieu-dit "Bélisaire" pour le Cap Ferret (emplacement actuel de la jetée de Bélisaire).
Pendant cette période de navigation, le "capitaine" était un de mes arrières petits cousins, famille Roux (de nos jours, seuls ses arrières petits enfants sont vivants pour narrer ce souvenir).
Le premier "Courrier du Cap" sera réquisitionné en 1914 et envoyé aux Dardanelles avec 78 pinasses. Il reprendra du service en 1919 et finira à la ferraille à Arcachon en 1947.
Du fait de cette traversée du Bassin subsiste toujours localement l’expression tant employée par les anciens ou natifs du coin "de l’autre côté d’eau" pour parler d’un lieu ou village situé à
l’opposé entre Sud et Nord Bassin.
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