Comme chaque année, l’association des "Barbots de Tous Temps" fait revivre, le temps d’une journée, le patrimoine Gujanais en organisant la "Grande Fête du Retour de la Pêche à la Sardine".
Je ne pouvais ouvrir cette page sans vous commenter l’histoire de la pêche traditionnelle à la sardine sur le Bassin d’Arcachon.
Histoire de la pêche traditionnelle à la sardine sur le Bassin d'Arcachon
Les activités maritimes du Bassin d’Arcachon vont être marquées, pour les XIXème et XXème siècles, par trois faits majeurs qui vont tous contribuer à la disparition des pêches artisanales
traditionnelles.
Tout d’abord, l’apparition et le développement, à partir du XIXème siècle, de la pêche au chalut et de la propulsion à vapeur vont amener la constitution d’une importante flotte de
chalutiers à vapeur qui va faire d’Arcachon le second port de pêche de France en 1910. Ne pouvant supporter cette concurrence, les chaloupes qui étaient à voiles et à avirons disparaîtront
totalement. L’événement suivant sera l’apparition de l’ostréiculture qui va transformer les pêcheurs en ostréiculteurs.
Le troisième choc va se produire à partir du milieu du XXème siècle avec le développement du tourisme qui va drainer vers le Bassin un nombre toujours plus élevé de touristes et donc une flotte
de plaisance de plus en plus conséquente qui va finir par poser un véritable problème d’occupation de l’espace et un déséquilibre du milieu écologique. Ces 3 phénomènes cumulés vont amener le
recul, sinon la disparition des formes de pêche traditionnelles mais celle qui a marqué l’histoire du Bassin d’Arcachon est, sans conteste, la pêche à la sardine.
La sardine, "sardina pilchardus" étant le nom scientifique de l’espèce la plus courante, est un poisson connu et apprécié depuis très longtemps, c’est un poisson grégaire, se déplaçant
par bancs et qui effectue des migrations saisonnières du large vers les côtes. Ces migrations sont très capricieuses, et donnent lieu à de grandes disparités dans les captures lorsque les moyens
de pêche ne permettent pas de s’éloigner des côtes ce qui est le cas pour le Bassin d’Arcachon au début du XXème siècle, où le bateau utilisé reste la pinasse à rames et à voiles.
L’équipage de la pêche à la sardine n’est pas changeant et occasionnel, mais permanent et durable, et formé de deux individus. L’un amène le bateau, l’autre les voiles et le mât (les avirons
faisant l’objet d’un apport commun), établissant ainsi des relations égalitaires et complémentaires entre les deux partenaires, qui vont se partager, à parts égales, le travail et les bénéfices.
Cette cellule de travail est généralement stable, souvent formée de parents, obligatoirement d’amis qui peuvent d’ailleurs, à l’occasion d’un renouvellement de matériel inverser les apports, dans
la constitution d’un nouvel outil de travail.
Cette pêche se pratiquait avec des filets droits qui nous venaient de Bretagne et qui étaient ensuite montés par les filetières locales. En 1920, Monsier Mondiet installe à Mestras une fabrique
de filets. Les filets à sardines ou "sardinières" sont, soit achetés par les deux associés, soit appartiennent à l’un ou à l’autre, soit, plus rarement loués. En effet la pêche de la sardine
suppose une série de filets de mailles différentes afin de faire coïncider la taille de la sardine et celle de la maille, soit au total une quinzaine de filets. On comprend alors la raison d’être
de cette structure de travail par association qui permet de partager les frais d’achat des outils de travail tout en sauvegardant la liberté des associés.
Cette unité de base va cependant se fondre dans un ensemble plus vaste car la pêche de la sardine donne lieu à une organisation communautaire par la constitution d’une flottille de pêche,
regroupant de 100 à 200 bateaux venus de la rive Sud du Bassin d’Arcachon, Gujan-Mestras, La Teste et Arcachon. Cette flotte est dotée de maîtres jurés dont le travail consiste à faire traverser
les Passes, cette barre dangereuse formée par l’Océan à l’entrée du Bassin. Dotés d’une autorité incontestée, ces chefs que l’on appelle les "prud’hommes" disposent d’un code à base de drapeaux
pour donner ou non l’autorisation de traverser les Passes. Ces chefs sont, en outre, chargés de fixer l’heure et les conditions de départ.
Une fois dans l’Océan, la flottille qui s’était regroupée pour la traversée va se disperser, chaque unité pêchant pour son compte jusqu’au moment du retour qui se fera également de façon
collective. Ce métier est très pénible et une telle pêche présente de grands risques pour les équipages comme le prouve les nombreux naufrages et catastrophes, qui ont endeuillé les familles de
marins, malgré les pilotes, marins expérimentés, qui connaissaient parfaitement les Passes dangereuses.
La sardine peut se pêcher sur deux espaces géographiques à des périodes différentes. Dans le Golfe de Gascogne, à l’Océan pendant l’hiver, que nos anciens appelaient la pêche au "péougue", et
selon l’organisation que nous venons de voir, puis, dans le Bassin, où elle rentre au printemps pour en repartir à l’automne, chaque pinasse pêchant alors à son gré. Dans les deux cas, les
techniques ne varient pas ou très peu, on appâte le poisson avec de la rogue ou "raba" en gascon, oeufs de morue salés, mis en barils, que l’on émiette pour mélanger avec de l’eau de mer et du
sable. Cet appât, apparu à partir du XVIIIème siècle s’est répandu dans le Bassin à la fin du XIXème. Cette pratique de pêche venait remplacer l’ancien système qui consistait à aller pêcher des
alevins à l’embouchure de la Leyre, dans la zone de contact des eaux douces et des eaux salées mais très destructrice pour la faune marine, cette méthode fut interdite.
La sardine peut donc se pêcher pratiquement toute l’année. C’est une pêche permanente pratiquée par une catégorie de pêcheurs déterminée "chardinayres" dont l’art va consister à repérer les bancs
de sardines. Le repérage se fait par l’observation des prédateurs, les oiseaux marins et les gros poissons, surtout les marsouins et les dauphins, très friands de sardines. En l’absence de ces
indications, on pose les filets au hasard, en s’efforçant d’appâter le poisson.
A partir de la guerre de 1914, ce système va se modifier puis disparaître sous le coup d’une série d’innovations techniques, en particulier l’apparition du moteur à essence qui sur le Bassin, va
commencer à équiper, dès 1905, une partie de la flotte Arcachonnaise. On va alors construire des pinasses traditionnelles "la pétroleuse", motorisées, et pêchant sur le modèle des morutiers de
Terre-Neuve. Ces nouvelles pinasses embarquent un équipage de 6 à 12 marins dont chacun dispose d’un petit canot ou doris que l’on essaime autour du bateau, avec un filet, de la rogue et deux
avirons. Le produit de la pêche est ensuite hissé sur le bateau principal.
Du coup, l’institution des prud’hommes va tomber en désuétude puis disparaître, en même temps que la pêche traditionnelle à la pinasse que nous venons de décrire, par le passage d’une structure
de pêche artisanale à une organisation semi-industrielle. Cette mutation va s’accompagner de changements sociaux et techniques, en particulier un apport massif de main d’œuvre Bretonne, les
femmes travaillant dans les conserveries, les hommes à la pêche, remplaçant les pêcheurs du Bassin qui se sont, entre temps, reconvertis à l’ostréiculture. Si bien que Jacques Weulersse écrivait
en 1925 : "Depuis 1919, la pêche à la sardine est redevenue prospère, elle est maintenant presque entièrement entre les mains de pêcheurs Bretons... Les armateurs sont Arcachonnais, mais les
équipages comptent 80% de Bretons".
Sept conserveries s’établirent ainsi sur la commune : Théophile de Pénanros et Billette de Concarneau, Chancerelle de Douarnenez, Lévesque de Nantes, Dandicolle & Gaudin et Teyssonneau de
Bordeaux, La Sardine Française de Gujan-Mestras. Quelques bâtiments des dernières usines subsistent encore aujourd’hui, avec des affectations qui n’ont plus rien à voir avec l’industrie
alimentaire.
A Gujan-Mestras, dans les années 1926 à 1930, 35 bateaux et pinasses, avec 250 marins pratiquaient cette pêche à l’océan. Le fruit de la pêche faisait l’objet d’une vente à l’encan, (elle se
faisait sur le terrain du Syndicat des Marins, créé en 1884 par Camille Dignac, premier Syndicat Français de Marins), avec une criée municipale, groupant les mareyeurs, expéditeurs de sardines et
vendeurs au vert appelés "Saoumateys" qui s’approvisionnaient tous les jours. Le plus gros du poisson était vendu aux 7 conserveries locales ou bien sur le marché pour alimenter Bordeaux et
l’arrière pays.
Les sardines de taille, non marchandes, étaient donnés à de vieilles femmes, qui les revendaient à leur compte en passant dans les rues et en criant "Les Royans
d’Arcachon !…" ou "Elle est fraiche ma sardine !..." tout en proposant aussi de jolies sardines.
Certains pêcheurs n’ayant pas les moyens d’acheter les filets, ceux-ci étaient fournis par l’armateur, qui, au règlement du produit de la pêche prenait une quote-part pour amortir le capital
fourni.
Toutes les fins de semaine, le patron réunissait l’équipage et "on faisait compte", c’est-à-dire, recettes, frais, rogue, essence, entretien du bateau... Le reste du bénéfice était distribué de
cette façon :
- 3 parts pour l’armateur,
- 1 part ½ pour le patron,
- dans certains bateaux, ½ part supplémentaire au mécanicien.
Le reste de la somme était partagé entre le nombre de marins ayant participé à la pêche, un marin malade ou accidenté avait droit également à sa part.
Vers les années cinquante, les sardines se font rares. Les pêcheurs n’y trouvent plus leur compte. La flottille sardinière qui fut si prospère se disperse. Ses bateaux sont vendus dans d’autres
ports. Heureusement pour nous, l’ostréiculture, toujours présente dans le Bassin d’Arcachon, a compensé la perte de cette activité, sans nous faire oublier la pêche à la sardine.
De nos jours, il n’existe pratiquement plus de pêche à la sardine dans le Bassin, et il n’y a plus de pêcheurs spécialisés dans cette pêche, les seuls apports commercialisés proviennent des
chalutiers d’Arcachon qui pêchent dans le Golfe de Gascogne.
Pourtant, Gujan-Mestras fête toujours la sardine, lors de manifestations organisées par diverses Associations. Les "sardinades" se déroulent principalement en été car, c’est à cette période, que
la sardine offre sa chair la plus grasse et la plus succulente. Grillée sur le barbecue, la sardine est un poisson énergétique. Riche en protéines, vitamines, sels minéraux, oligo-éléments, elle
vous procurera acides gras poly-insaturés dont la particularité serait de freiner la dégénérescence des artères, ainsi que la formation de caillots sanguins. Votre repas ne se terminera sûrement
pas en queue de poisson mais par une soirée dansante dans une ambiance de fête des plus chaleureuses et des plus conviviales. Venez la déguster en toute quiétude, car le mystère, toujours non
élucidé, de "la sardine qui a bouché le port de Marseille" n’existe pas à Gujan-Mestras !
La "Grande Fête du Retour de la Pêche à la Sardine"
Comme chaque année, l’association des "Barbots de Tous Temps" fait revivre, le temps d’une journée, le patrimoine Gujanais en organisant la "Grande Fête du Retour de la Pêche à la Sardine".
On peut ainsi assister, au Port de Larros, au départ et à l’arrivage des bateaux, au déchargement du poisson et des filets, filets qui sont ensuite étendus sur les palisses.
La manifestation se termine ensuite par un repas où la célèbre "Chanson du Bassin" est entonnée par tous les membres de l’association accompagnés des convives… et bien d’autres vieilles chansons
viennent égayer le repas.
Le menu traditionnel est le suivant : apéritif, huîtres et saucisses, sardines et pommes vapeur, fromage et dessert, café… le tout arrosé d’un assortiment de vins blanc, rosé et rouge.
Un instant très convivial qui se déroule au Port de Larros à Gujan-Mestras, sur l’esplanade du "Pointon".
Cette année, la fête s’est déroulée le dimanche 22 juin. Un soleil magnifique et une douce chaleur estivale accompagnée du bon vent iodé du Bassin étaient au rendez-vous permettant ainsi une
parfaite réussite de cette journée.
Je me suis parée de mon équipement de reporter photographe pour relater ce moment hymne à mes racines Gujanaises et afin d’en faire profiter les visiteurs de mon site.
Je vous souhaite donc, si je puis dire, une bonne plongée dans le passé !
Quand les bateaux quittent le port pour aller à la pêche à la sardine...
En attendant le retour des bateaux de la pêche à la sardine, femmes de pêcheurs, enfants, armateur et marins restés à terre discutent sur le port...
D'autres femmes circulent à vélo ou tricottent sur le port...
Portraits de femmes et d'enfants
Pinasses et pinassotes reviennent de la pêche à la sardine, rentrent au port et accostent pour le déchargement
Le canot sardinier "Argo II" arrive dans le port et vient accoster
l'Argo II est la réplique d'un canot sardinier faisant partie du patrimoine du Bassin d’Arcachon
Histoire :
A la fin du XIXème siècle apparait sur le Bassin d'Arcachon, un nouveau type de bateau de service, le bac ostréicole à voile. C'est Auguste BERT qui a crée ce nouveau type de bateau, permettant
aux parqueurs de réaliser de sérieuses économies de temps et main d'oeuvre. Portant une forte charge sous un
tirant d'eau très réduit, ils permettaient de monter haut dans les terres. Bien défendus, ils étaient rapides sous toutes les allures, y compris au près.
La motorisation des embarcations de travail entraîne le développement des canots mixtes. Parmi eux, apparaît dés 1908, un type d'embarcation très large et de très peu de tirant d'eau destiné à la
pêche à la sardine et appelé localement le "bac sardinier". Ces bateaux sont construits classiquement en forme et possèdent une voilure gréée en mât à bascule et un moteur à pétrole. Pour
corriger leur manque de quille, on les a dotés d'une dérive relevable.
Caractéristiques générales du bac à voile sardinier :
D'allure basse sur l'eau, à fond plat et faible tirant d'eau, le bac à voile sardinier est équipé d'une dérive et d'un gouvernail relevable. Son gréement lui permet de pratiquer la pêche à la
sardine et l'ostréiculture.
Contrairement aux bacs à voile du Bassin d'Arcachon, construits en madriers longitudinaux et bordés transversaux, ce bac à voile sardinier était construit de manière classique, composé de bordés
longitudinaux étroits sur une ossature de couples et barrots transversaux.
Avec ses lignes affinées, sa coque en forme, sa poupe bien défendue par un couronnement et un pavois ainsi que la présence d'un moteur auxiliaire à transmission fixe ou relevable, ce bac à voile
sardinier est un navire de mer capable de franchir les Passes du Bassin d'Arcachon avec une bonne sécurité.
Bac de service mixte à dérive, l'Argo (ARC123) est inscrit en 1907 pour 4,93 tonneaux de jauge brute. Construit par Louis Deycard pour Mr Rougé, c'est un bac en forme, gréé en sloop avec une
grande voile au tiers à bordure libre taillé par Claverie d'Arcachon. Argo est dotée d'origine d'un moteur Couach de 8 chevaux, possède une hélice en bec de canard. Deux doris pour la pêche à la
sardine sont empilés sur le pont.
Genèse d'un projet et d'une association :
Le projet de construction d'un bac sardinier a déjà une longue histoire derrière lui. Il y a une dizaine d'années, deux retraités Hugues Teyssier et "Loulou" Lapeyre avaient pour projet de
construire un bac sardinier.
En 1996, lors d'une exposition à la photothèque municipale de Gujan Mestras,ils présentent leur projet au maire Michel Bézian et au conseiller général René Serrano.
L'idée fait son chemin mais ne peut aboutir faute de moyens humains et financiers. En 2001, le projet refait surface avec l'arrivée de trois charpentiers de marine fraîchement retraités: Jacques
Lapeyre, Gérard Carrère et Jean-Pierre Dubourdieu. L'association Argo Nautique voit le jour et la construction du bac sardinier à voile peut commencer.
La première étape était de trouver un local. Après de multiples recherches, une solution est trouvée avec la mise à disposition pour la durée des travaux de l'ancienne criée municipale de
Gujan-Mestras, un local en dur fournissant toutes les garanties requises par l'association. En mai 2003, les travaux peuvent commencer.
Les élèves du Lycée des métiers de la Mer de Gujan-Mestras et du GRETA participent à certains travaux encadrés par les membres de l'association.
Outre la construction du bac à voile sardinier, l'association, aujourd'hui, recherche et entretient de nombreux contacts avec des partenaires locaux , des marins reconnus et bien entendu des
sponsors afin de mettre en oeuvre et de faire naviguer l' Argo.
Commentaire extrait du site web de l’association Argo Nautique (http://www.argonautique.org)
Les filets pendent à la coque des bateaux
Les bateaux ayant accosté, les sardines vont être déchargées
Les filets sont ensuite mis en ballots pour être étendus à terre pour le séchage et le remaillage éventuel
La pêche ayant été fructueuse, la fête peut commencer : un bon repas au son de chansons rythmées par l'orgue de barbarie
Une fois la fête finie, le port retrouve sa quiétude... dans l'attente d'un autre jour de pêche !
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